Le patois
Au début du 20em siècle, la quasi-totalité des Meyruiards parlaient patois. Cependant, chacun connaissait le français et utilisait avec plus ou moins de spontanéité cette langue réservée aux conversations avec le curé, l’instituteur, les châtelains et les quelques personnes qui, en raison de leur éducation citadine, étaient privées de la connaissance du patois.
Entre 1920 et 1930, on constate la disparition progressive de l’emploi du patois entre parents et enfants mais le patois reste très vivant entre adultes.
A la fin de 1986, un comptage précis fait apparaître un nombre de 39 patoisants et une bonne cinquantaine de personnes le comprenant sans le pratiquer.
Aujourd’hui le patois a disparu mais de nombreuses expressions bien locales issu de cette langue sont encore bien vivantes.
Quelques mots en patois…
- E va plovre : Il va pleuvoir
- E fo ala goutâ : Il faut aller manger
- Vitya la né que vin : Voilà la nuit qui vient.
Souvenir du temps passé : Meyrieu village d’accueil en 1945 pour des enfants Alsaciens.
En 1945 le comité d’entraide de Wittelsheim (Haut Rhin) demandait aux familles de Meyrieu d’accueillir 10 enfants, suite à la destruction d’une grande partie de leur village. Tous, enfants des cités du bassin potassique, anémiés par les privations et le long hiver passé le plus souvent dans les caves (Wittelsheim est alors zone de combat) devaient se refaire une santé à la campagne dans le Doubs, le Cher et l’Isère.
Leurs maisons détruites, les jardins, terrains de jeux minés par les combats de chars, leur sécurité fut parmi d’autre nécessité primordiale. Trop d’enfants jouèrent avec les munissions abandonnées et en furent les victimes.
Conscient du danger qu’encourraient leurs enfants, les familles acceptèrent avec tristesse et angoisse leur départ. Après avoir subit l’oppression et l’occupation Allemande, la plupart d’entre eux, ne connaissait pas le français, cette langue étant interdite à l’école, en famille, en société. Le dialecte alsacien et l’allemand étaient les seuls autorisés dans les échanges et communications (parler, lecture, écriture).
En réponse à la demande de l’entraide de Wittelsheim, Etienne Boyer, maire, Jean Pierre Guillaud, 1er adjoint et Louis Joly garde champêtre contactèrent des familles du village susceptibles de recevoir ces enfants pour un certain temps… ?
Fin août 1945, ce furent 10 familles d’accueil bénévoles qui ouvrirent leur foyer aux jeunes Alsaciens, accompagnés dans leur voyage par Mlle Faller, assistante sociale des mines.
Les familles d’accueil ont été :
- Famille Emile Chardon à Boucharin pour Jean Fonné âgé de 12 ans.
- Famille Emile Drevon à La Revollet pour Roger Kopf âgé de 11 ans
- Famille Germain Peytoud à La Grand Maison pour Claude Meyer âgé de 11 ans
- Famille Bruno Perrichon à Langouvert pour Marius Mure âgé de 11 ans
- Famille Joseph Bouilleux à La Petite Forêt pour Armand Peter âgé de 11 ans
- Famille Léon Badin à Panissière pour André Kaiser âgé de 10 ans
- Famille Marius Ligonnet Jocteur à Langouvert pour Gérard Husser âgé de 10 ans
- Famille Jean Pierre Guillaud à Chevron pour René Soltner âgé de 9 ans
- Famille Louis Joly à Boucharin pour Jean Pierre Gasser âgé de 9 ans
- Famille Jean Pierre Guillaud à Boucharin pour Jean Claude Miesch âgé de 6 ans.
Il y apprirent le français, reprirent des forces et vouèrent à leurs bienfaiteurs une grande reconnaissance. Certains n’y séjournèrent qu’une fois 6 mois, d’autres plusieurs fois et plus longtemps.
Avec le temps, pour beaucoup, même si le souvenir resta vivace en leur cœur, les liens avec Meyrieu peu à peu se relâchèrent pour s’arrêter un jour, sauf pour deux d’entres eux : Jean Fonné qui épousa Denise, la fille du maire Etienne Boyer et qui s’installa définitivement en Dauphiné. Et pour Jean Claude Miesch qui ramena en Alsace une fille de Meyrieu, Christiane Durand.
En 1980, après une rencontre de plusieurs d’entre eux, ils souhaitèrent revenir dans ce village qu’ils n’avaient pas oublié et renouer les liens avec les familles et les habitants. Il fondèrent « l’amicale de 9 » avec Gérard Husser comme président.
Les 10 et 11 octobre 1980 la population entière de la commune accueillit avec émotion leurs enfants d’adoption. Ces fut deux journées vécues dans la joie et l’amitié et qui furent le départ d’échanges entre les deux communes.
Le 11 avril 1981, une soixantaine de Meyruyards furent reçus par la municipalité de Wittelsheim. Leur séjour préparé par leurs amis fut des plus agréables : visite de l’Alsace viticole, celle de la mine, dégustation des produits du terroir. Beaucoup de joie, d’émotions et de souvenirs partagés. Rendez vous fut donné à nouveau à Meyrieu en 1984.
Le samedi 31 mars 1984 ces amis d’Alsace accompagnés du Dr Michel, maire adjoint et conseiller général du canton de Wittelsheim, Marcel Schneider, 2em adjoint, leurs épouses, furent accueillis par Georges Colombier maire de Meyrieu les Etangs et conseiller général du canton de St Jean de Bournay entouré du conseil municipal, d’ Etienne Boyer, maire en 1945, des familles d’accueil et de nombreuses personnes venues partager la joie de tous.
Ce week-end « dauphino-alsacien » se passa dans une ambiance que ceux qui le vécurent en ont gardé un souvenir mémorable.
Malgré l’éloignement et les circonstances de la vie, le groupe sous la présidence de Gérard Husser n’a jamais oublié les familles dévouées qui les avaient si généreusement hébergés et entourés de soins et d’affection. C’est toujours avec une profonde émotion qu’ils se souviennent de leur temps passé à Meyrieu.
La dernière venue dans notre village du groupe réuni, fut le 16 novembre 1991 lors des funérailles de M. Etienne Boyer où son président Gérard Husser rendit hommage et reconnaissance à la mémoire de ce maire qui avec les familles, les personnes dévouées reçurent et réconfortèrent en mairie dix jeunes enfants dépaysés une nuit d’été 1945.
A la date de la parution de ce bulletin municipal, l’amicale a été endeuillée par le départ de 4 de nos amis alsaciens et 2 épouses : son président Gérard Husser décédé en 2008, René Soltner, Léonie Husser, Marius Muré, Armand Peter et Marguerite Muré.
Gérard et Léonie Husser tous deux décédés ont beaucoup œuvré pour l’amicale et son rapprochement avec les familles et le village de Meyrieu. Nous leur en sommes reconnaissants.
Que cette page d’histoire de notre village reste à jamais gravé dans la mémoire collective et qu’elle serve d’exemple de générosité aux nouvelles générations.
Article réalisé par Denise et Jean Fonné.
L’industrie gantière
Au 19em siècle, l’industrie gantière occupait une place importante dans la vie économique méruyarde. Vers 1880 un atelier en dent de scie fut construit au hameau de la Grand Maison pour cette activité. Un dortoir et une cuisine sont installés à l’intention des ouvrières originaires des communes voisines.
A cette époque la ganterie occupe 120 ouvriers sans compter les nombreuses personnes travaillant à domicile. La ganterie nécessite différents métiers : coupeurs, couturières, brodeuses,…. Un atelier en dent de scie est également organisé au hameau de La Roche.
Au cours du 20em siècle, la ganterie traverse plusieurs crises en se relevant à chaque fois. Mais les caprices de la mode et la diminution de la demande provoquent son irrésistible déclin. L’industrie gantière laissera place à l’industrie textile.
En souvenir de toutes les petites mains qui ont participé à l’essor de l’industrie gantière à Meyrieu, l’une des routes principales de la commune porte le nom de « Route des gantières ».
L’industrie textile